Transition énergétique

Verdir son parc : des enjeux écologiques et économiques

  • 13/01/22
  • 6 min

Oublié, le véhicule diesel ou essence, place aux véhicules à faible empreinte environnementale. Face au dérèglement climatique, il est urgent d’adapter ses comportements, et la transition vers un parc de véhicules plus propres est un levier indispensable à actionner pour les professionnels.

fraikin verdissement parc

La loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 a imposé le verdissement du parc automobile de moins de 2,6 tonnes des sociétés de transport de marchandises, comme suit :

  • 10 % du renouvellement en 2022.
  • 20 % du renouvellement en 2024
  • 40 % du renouvellement en 2027
  • 70 % du renouvellement en 2030

La loi LOM n’impose le respect de ces obligations aux véhicules dont le poids est supérieur ou égal à 2,6 tonnes qu’à partir du 1er janvier 2023, selon ce calendrier :

  • 10 % du renouvellement en 2023
  • 20 % du renouvellement en 2025
  • 40 % du renouvellement en 2028
  • 70 % du renouvellement en 2031

Comment s’adapter, et quel est l’intérêt de renouveler ses véhicules, au-delà de la mise en conformité avec les nouvelles règles ?

 

Verdir son parc : optimiser les énergies, et optimiser sa flotte

Olivier Dutrech, directeur de l’Innovation chez Fraikin, précise qu’au sein de la société, en France 1200 véhicules sur une flotte de 36 000 sont déjà en énergies alternatives. Pour lui, « l’objectif de l’entreprise est de pouvoir renouveler 100% de sa flotte située dans les Zones à Faibles Émissions d’ici 2024 qui vont interdire la circulation des véhicules en vignette Crit’Air 2 (particulièrement les Diesels). »

Les carburants alternatifs sont le principal vecteur de changement vers un parc plus écologique mais d’autres solutions, liées au Diesel, existent lorsque les réglementations l’autorisent.

La première solution peut être le rajeunissement des véhicules Diesel et la réduction de leur impact environnemental grâce à des consommations optimisées.

Comme l’explique Olivier Dutrech, il est d’abord tout à fait possible de garder cette énergie et moderniser ses véhicules pour qu’ils soient le moins polluants possible.

« Chez Fraikin, nous avons rajeuni au maximum tous les véhicules du parc. Nos motorisations Diesel sont aux normes les plus récentes du marché : des Euro 5 et surtout depuis des années des Euro 6″.

Des options peuvent également limiter l’impact écologique en réduisant la consommation de carburant : boîtes de vitesse robotisées, bridage électronique, appendices aérodynamiques, usage de la télématique…

Il est possible de conserver le véhicule à moteur Diesel, et investir dans des carburants alternatifs, compatibles avec celui-ci : B100 ou carburants de synthèse HVO, XTL.

La deuxième solution consiste à se passer du Diesel (bio ou non) et de choisir d’autres technologies, utilisant d’autres énergies..

Chez Fraikin, cela peut passer notamment par :

  • les moteurs hybrides ;
  • le gaz naturel (GNV) sous sa forme GNC (gaz naturel compressé) ou le GNL (gaz naturel liquéfié) ;
  • l’électricité.

L’avenir des carburants alternatifs c’est également, et surtout pour les poids lourds (l’autonomie via électricité à batterie étant limitée), l’hydrogène : dans des piles à combustible, l’hydrogène, au contact de l’oxygène de l’air, produit de l’électricité. Aucune émission de CO2 : les véhicules rejettent uniquement de la vapeur d’eau. Cette logique est vertueuse si l’énergie nécessaire à la production de l’hydrogène est bas carbone ou renouvelable

Ainsi, investir dans de nouveaux carburants et de nouveaux véhicules à la consommation d’énergie optimisée, sont des étapes essentielles, mais elles ne sont pas les seules. Une meilleure organisation du travail contribue également à l’amélioration de la qualité de l’air : « chez Fraikin, nous optimisons l’usage des flottes grâce à la gestion de tournées. Nous utilisons un algorithme pour définir l’organisation des tournées (nombre de véhicules, volume et poids transportés, ainsi que distance à parcourir) la plus efficace afin d’éviter les kilomètres morts », assure Olivier Dutrech.

 

Les bénéfices économiques du verdissement de son parc.

Si les bénéfices écologiques du passage à des véhicules plus verts ne sont plus à démontrer, qu’en est-il du point de vue économique ?

 

Attirer de nouveaux clients, et fidéliser les anciens

Proposer des véhicules propres permet de séduire une nouvelle clientèle. Comme en témoigne Olivier Dutrech : « Nous ne pouvons pas encore parler d’une tendance lourde, mais plusieurs profils de chefs d’entreprise peuvent se sentir concernés. »

Quatre types de clients peuvent être attirés par les énergies alternatives :

  • Ceux qui sont pro écologistes dans leur positionnement et leur philosophie,
  • ceux qui répondent à des impératifs qui leur sont imposés par certains marchés,
  • ceux qui sont contraints de respecter la réglementation dans les ZFE,
  • et enfin ceux qui souhaitent prendre une longueur d’avance, et se saisir dès maintenant de l’opportunité d’un transport vert pour se différencier de leurs confrères.

Les avantages économiques sont également à chercher sur le plus long termeet la fidélisation : si le transport « vert » est forcément voué à devenir la norme, il permet de répondre à des appels d’offres sur un engagement beaucoup plus long qu’avant. Les solutions techniques étant équipées des dernières évolutions technologiques, elles sont particulièrement onéreuses et nécessitent plus de temps pour être amorties.

 

Bénéficier d’aides de l’État pour pouvoir verdir sa flotte plus rapidement

Investir dans de nouveaux moteurs, et de nouveaux carburants a un coût : pour cela, l’État vient aider les sociétés de transport de marchandises.

Un bonus écologique a été mis en place pour l’achat ou la location de véhicules propres: le montant est établi en fonction du prix de ces derniers, mais il s’élève en général à 5 000 euros pour une camionnette, et jusqu’à 50 000 euros pour un poids lourd neuf. Cette prime peut se cumuler avec le dispositif de suramortissement pour les véhicules utilisant des énergies propres, qui a été prolongé jusqu’au 31 décembre 2030. Un dispositif annoncé par le gouvernement fin février 2022 évoque des aides jusqu’à 150 000 € selon certaines conditions. Enfin, le stationnement de véhicules propres peut être gratuit dans certaines communes.

 

Améliorer la communication de l’entreprise : dédiaboliser le poids lourd.

Grâce à la transition énergétique, et à l’inclusion des poids lourds dans ce processus, le « camion » développe une image très différente de celle qu’il renvoie depuis des années. Le véhicule de transport devient un véhicule moderne, propre, silencieux, doté des dernières avancées technologiques, en phase avec son époque.

Les poids lourds deviennent ainsi la vitrine moderne de la société de location professionnelle.

 

Verdir sa flotte de véhicules : quelques contraintes à prendre en compte

Une flotte est composée de plusieurs types de véhicules qui répondent à différents besoins : aujourd’hui, même si l’offre s’agrandit de jour en jour, tous les constructeurs ne proposent pas l’équivalent de leurs gammes complètes Diesel en énergies alternatives.

Le choix de l’énergie d’un véhicule va nécessairement se faire en fonction de l’aménagement du réseau.

Comme l’explique Olivier Dutrech, « nous ne pouvons pas accéder partout à toutes les énergies, en France ». Que ce soit sur la route, ou chez les clients, les aménagements sont extrêmement coûteux : cela peut aller de quelques milliers d’euros à des centaines de milliers.

Enfin, le coût du verdissement d’un parc de véhicules se mesure également au temps consacré à l’avitaillement/recharge du véhicule. Un véhicule électrique, et surtout un poids lourd, peut rester immobilisé plusieurs heures pour être rechargé selon les capacités des bornes. S’il est arrêté, le conducteur l’est aussi.

 

En bref

Verdir son parc est indispensable : se mettre en conformité avec les nouvelles règles et se confronter aux nouveaux usages de la clientèle. Si cela permet de renouveler son image et de moderniser sa flotte, s’adapter à la nouvelle réglementation et supporter les contraintes qui en découlent, servent également à contribuer au combat en faveur de l’amélioration de la qualité de l’air, et de rajouter sa pierre à l’édifice du plus grand défi mondial des années à venir.

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