Transition énergétique

Transport au GNV et BioGNV : quel avenir pour la motorisation au gaz ?

  • 31/01/24
  • 6 min
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Crise climatique oblige, le monde du véhicule lourd à lancé sa transition énergétique depuis déjà quelques années. Depuis février 2022 et le début de la guerre en Ukraine, le prix du gaz s’envole, un gaz majoritairement et historiquement fourni par la Russie à l’Europe. Focus sur l’avenir du gaz dans le monde du transport.  

Continuant de prendre des parts de marché, le GNV gagne du terrain dans le monde du transport. Des performances techniques accrues, une autonomie grandissante, une empreinte carbone réduite, une recharge rapide: le GNV s’impose de plus en plus face au diesel dans le transport professionnel de marchandises et de voyageurs.  

Bien que les courbes d'immatriculations européennes s’envolent, il reste encore quelques défis à relever, notamment concernant les coûts d’exploitation et d'acquisition des véhicules. Les politiques gouvernementales ont donc un grand rôle à jouer pour surmonter les obstacles et accélérer la motorisation au GNV et bioGNV.  

GNV et BioGNV : l’heure de la décarbonation a sonné  

Pour rappel: 

- le GNV ou Gaz Naturel est une énergie fossile, naturellement présente dans le sol. L'utilisation de ce gaz comme carburant contribue à la réduction des émissions de C02 en réduisant de 15 à 12%.  

- Le biométhane , lui, est une énergie renouvelable issue de plusieurs modes de production. On peut en fabriquer à partir de déchets de l’industrie agroalimentaire et de l’agriculture, soit avec les stations d’épuration pour le traitement des eaux, soit avec les déchets ménagers. Son utilisation contribue à la réduction des émissions de C02 en réduisant de 80% 

Gilles Durand, secrétaire général de l’AFGNV* depuis 10 ans, nous explique que “L’usage du gaz en carburant permet de diviser la diffusion de particules polluantes d’acide d’azote par deux par rapport à un diesel. Il n’y a presque pas d’émissions de particules. Les quelques particules émises sont celles issues de l’huile dédiée à la lubrification du moteur.” 

On constate que sur un cycle de vie complet d’un véhicule (construction, utilisation et destruction), un véhicule qui roule au biométhane à la même empreinte carbone qu’un véhicule électrique.  

*L’AFGNV, L’association française du gaz naturel pour véhicules, fédère les acteurs publics, économiques et industriels français pour accompagner le développement de l’usage carburant du gaz naturel et du biogaz en France. L’association regroupe aujourd’hui près de 200 membres, dont Fraikin, qui milite pour un mix énergétique incluant plus de GNV et BioGNV dans les flottes de véhicules professionnels et utilitaires, notamment auprès des pouvoirs publics. 

 

Véhicules au GNV et BioGNV : Une autonomie de plus en plus grande  

Longtemps un frein au développement de la filière, l’autonomie de ce type de véhicules progresse de manière fulgurante. “Aujourd’hui un véhicule qui roule au gaz naturel comprimé (GNC) à une autonomie d’environ 500 Kms, alors que sous sa forme liquide (GNL) on gagne une autonomie de 1500 Kms.” ajoute Gilles Durand.  

Reste encore que l’acquisition d’un tel véhicule demande un financement lourd. Les aides de l'État comme les subventions à l’achat ou à la location d’un véhicule lourd : camion, bus, autocar à motorisation gaz, peuvent permettrent une plus grande pénétration de ces véhicules sur le marché. Des aides qui peuvent aller jusqu'à 6 000 € pour un véhicule utilitaire léger et jusqu'à 9 000 € pour un poids lourd supérieur à 3,5 tonnes. 

En 2033, on vise un parc français de 120 000 véhicules lourds au BioGNV et donc complètement décarboné, soit 20% du parc. Les véhicules roulant au biodiesel, notamment issu de la culture du colza, représenteront environ 60 000 véhicules.  

 

Transport : les avantages d’une motorisation au GNV et bioGNV 

Deux fois plus silencieux qu’un véhicule diesel, un véhicule roulant au GNV est donc bien plus recommandé pour les livraisons, notamment citadines et nocturnes.  

Autre avantage et non des moindres : le prix de production du biométhane reste stable car local et propre à chaque territoire. Cette énergie ne dépend pas du contexte géopolitique, et permet en plus de valoriser les déchets verts qui ne sont pas issus d’une culture énergétique, interdite en France. C’est donc une économie circulaire qui se met en place… où chaque agriculteur peut devenir autosuffisant en énergie, voire en distribuer à d’autres acteurs locaux comme les transporteurs en quête d’une station par exemple.  

 

Ravitaillement au gaz : la multiplication des infrastructures  

Fin 2022, la France comptait 327 stations de ravitaillement GNV et bioGNV. Dans son plan filière de décarbonation, l’ambition française est de 2200 stations d’ici à 2033.  

Gilles Durand explique que les infrastructures de ravitaillement se développent au même rythme que celui des immatriculations des véhicules roulant au gaz. “Nous enregistrons 15 000 véhicules lourds en 2022, une proportion qui augmente de 26% par an depuis 2016” ajoute t-il.  

On note des start-up comme l’entreprise TankYou, qui pallie au manque de stations en proposant aux flottes d’être ravitaillées sur le lieu de leur choix. Ces solutions mobiles permettent un déploiement du mix énergétique de certains parcs, ainsi moins tributaires des stations de GNV fixes.  

Au niveau européen, le gaz liquéfié gagne du terrain. Plus performant sous sa forme liquide, car permettant une plus grande autonomie aux véhicules, c’est l’allemagne qui se positionne en haut du classement avec 128 stations opérationnelles, juste devant l’Italie qui recense 124 points de ravitaillement au GNL. Arrivent juste derrière l’Espagne avec 88 stations, la France avec 65 points de charge GNL, puis les Pays-Bas et la Suède, qui en comptent respectivement 31 et 28.  

Côté biométhane, de plus en plus d’agriculteurs français se diversifient en proposant une production locale de ce gaz renouvelable, notamment dans le Nord-ouest du pays.  

Pour connaître le nombre et la positions des stations en temps réel en France : carte open data, et en europe : PDF online  

 

GNV : Un évolution qui dépend de la politique de prix mondiale 

Depuis la guerre en Ukraine et des évènements tels que les coupures d’approvisionnement de gaz Russe par les gazoducs Nord Stream 1 et 2, l'approvisionnement par bateau s’envole. Le Qatar et l’Algérie fournissent donc une bonne partie de l’Europe; Les Etats Unis et l’Australie ont renforcé leur capacité de production. Leader européen des ports méthaniers avec 4 ports et un cinquième en construction, la France redistribue le gaz au reste de l’Europe.

En bref

“ L’avenir c’est un bon mix énergétique selon les usages : des camions électriques qui peuvent se recharger la nuit pour des missions régionales et des camions au GNV pour les plus longues distances” confirme Gilles Durand.  

Ce secteur étant encore à ses prémices, nombreux sont les transporteurs qui ont encore du mal à opter pour cette solution. Ce sont en majorité les “chargeurs” , autrement dit les magasins de la grande distribution, qui incitent leurs transporteurs à passer au GNV car ils ont déjà mis en place des stratégie de décarbonation, notamment sur la partie transport de leurs marchandises. Ces derniers promettent désormais des contrats plus longs de 5 à 6 ans, contre une année auparavant. Les collectivités qui sont déjà ZFEm imposent également ces choix de raison.  

Comme le rappelle Mark Radka, chef du service Énergie et climat du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) : “Il est important de garder à l'esprit que nous n'en sommes qu'aux premiers stades d'une transition énergétique qui ne ressemble à aucune autre que le monde ait jamais tentée en termes de vitesse et de complexité. Il s'agit toutefois d'une transition, et toute transition demande du temps et de la persévérance. Cela dit, nous devons agir rapidement.” 

A noter que le rétrofit pour le GNV existe mais qu’il est toujours en cours d'expérimentation, notamment pour les cars scolaires, cela ne se fait pas encore sur les poids lourds. A suivre… 

sources :  

https://les-aides.fr/aide/UjAP3w/ville-de-paris/aide-pour-remplacer-son-vehicule-professionnel-par-un-autre-utilitaire-electrique-ou-au-gnv.html#:~:text=Montant%20de%20l'aide&text=jusqu'%C3%A0%206%20000%20%E2%82%AC,sup%C3%A9rieur%20%C3%A0%203%2C5%20tonnes

https://www.gaz-mobilite.fr/actus/production-gaz-renouvelable-continue-progresser-europe-3487.html

https://www.afgnv.org/chiffres-cles/ 

https://www.afgnv.org/wp-content/uploads/2021/06/Panorama-GNV_20210527_DEF_DP.pdf

https://www.tankyou.com/ 

https://odre.opendatasoft.com/explore/dataset/points-dinjection-de-biomethane-en-france/map/?disjunctive.site&disjunctive.departement&disjunctive.region&disjunctive.type_de_reseau&disjunctive.grx_demandeur&dataChart=eyJxdWVyaWVzIjpbeyJjaGFydHMiOlt7InR5cGUiOiJjb2x1bW4iLCJmdW5jIjoiU1VNIiwieUF4aXMiOiJjYXBhY2l0ZV9kZV9wcm9kdWN0aW9uX2d3aF9hbiIsInNjaWVudGlmaWNEaXNwbGF5Ijp0cnVlLCJjb2xvciI6InJhbmdlLUFjY2VudCJ9XSwieEF4aXMiOiJhbm5lZV9tZXMiLCJtYXhwb2ludHMiOiIiLCJ0aW1lc2NhbGUiOiJ5ZWFyIiwic29ydCI6IiIsInNlcmllc0JyZWFrZG93biI6InJlZ2lvbiIsInN0YWNrZWQiOiJub3JtYWwiLCJjb25maWciOnsiZGF0YXNldCI6InBvaW50cy1kaW5qZWN0aW9uLWRlLWJpb21ldGhhbmUtZW4tZnJhbmNlIiwib3B0aW9ucyI6eyJkaXNqdW5jdGl2ZS5zaXRlIjp0cnVlLCJkaXNqdW5jdGl2ZS5kZXBhcnRlbWVudCI6dHJ1ZSwiZGlzanVuY3RpdmUucmVnaW9uIjp0cnVlLCJkaXNqdW5jdGl2ZS50eXBlX2RlX3Jlc2VhdSI6dHJ1ZSwiZGlzanVuY3RpdmUuZ3J4X2RlbWFuZGV1ciI6dHJ1ZX19fV0sImRpc3BsYXlMZWdlbmQiOnRydWUsImFsaWduTW9udGgiOnRydWV9&disjunctive.nom_epci&disjunctive.ndeg_de_pitd_pitp&disjunctive.augmentation_prevue&basemap=32dfba&location=6,47.26432,3.35083

https://www.europeanbiogas.eu/wp-content/uploads/2022/01/GIE_EBA_BIO_2021_A0_FULL_3D_253_online.pdf

 

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