La logistique du dernier kilomètre : un enjeu capital pour le futur
- 31/05/23
- 5 min
En un an, le secteur du e-commerce progresse de 11,8 % pour atteindre 32,5 milliards d’euros au 1er trimestre 2023 ! Face à cette accélération incroyable, les logisticiens et acteurs du transport se mobilisent pour trouver de nouvelles façons de livrer toujours plus, toujours plus gros et toujours plus vite en zone urbaine, avec en ligne de mire les nouvelles réglementations et contraintes, notamment liées aux ZFE-m… Focus sur le dernier kilomètre, qui se réinvente.
Hausse du coût du carburant, problèmes de stationnement, encombrements des axes routiers, restrictions de circulation liées aux ZFE-m : autant de défis à relever pour les transporteurs, expressistes et messagers qui œuvrent chaque jour à livrer toujours plus de clients, eux-mêmes de plus en plus exigeants.
En effet, en deux ans, pas moins de 5000 nouveaux points relais ont vu le jour sur le territoire français. Cette tendance n’étant pas prévue à la baisse, les acteurs de la logistique du dernier kilomètre s’organisent.
Verdissement de parc : un enjeu majeur dans la livraison du dernier kilomètre
La première réponse aux problématiques de livraison est bien sûr la transition énergétique des flottes de véhicules. En 2022, seulement 4% des VUL immatriculés étaient électriques. Nous notons plusieurs raisons à ce phénomène. Selon Olivier Couderc, Manager marketing du pôle Transition énergétique, “L’offre électrique des VUL telle qu’actuellement n’est pas encore suffisamment attractive pour que les entreprises puissent s’y lancer à corps perdu. En cause, l’usage notamment. L'autonomie peut ne pas correspondre aux besoins des entreprises, de même que les carrossages disponibles. A l’heure actuelle il est impossible de carrosser un VUL électrique de manière aussi complète et polyvalente qu’un VUL thermique. La troisième raison est évidemment économique car à ce jour ce type de VUL reste à minima deux fois plus cher en version électrique. Cela constitue un frein conséquent, malgré les aides financières comme le bonus écologique.”
Il existe d'autres réponses pour la livraison du dernier km en termes d'énergies alternatives. Sur un VUL GNV, qui permet des autonomies en exploitation d'environ 300 km, il est possible de reproduire quasiment à l'identique les carrossage disponibles sur des véhicules diesel. Cette solution suppose des stations GNV à proximité des lieux d'entreposage ou de tournée, voire de l'avitaillement sur parc. Si en 2022, les cours du gaz ont rendu cette solution économiquement inintéressante, ceux-ci sont revenus à des niveaux qui, comparativement au diesel, peuvent redynamiser cette .technologie. Quant à l'hydrogène, l'offre technique est extrêmement limitée (et onéreuse). Par ailleurs le réseau de distribution est encore embryonnaire (6 stations publiques ≥ 350 bar à fin mi-juillet 2022).
Logistique du dernier kilomètre : l’adaptation des zones urbaines
En 2022, les français ont dépensé la modique somme de 129 milliards d’euros sur des sites e-commerce.
Réduire le circuit logistique et les ruptures de charge permet, in fine, de raccourcir les délais de livraison.
Une étude de CapGemini sur le sujet constate que si les étapes de livraison du dernier kilomètre ne sont pas optimisées, alors la société à l’origine de la vente peut voir ses bénéfices fondre de 26% !
Une solution pour éviter de telles pertes financières et améliorer chaîne logistique est de rapprocher les produits des consommateurs en réduisant le temps de transport du colis et en intégrant de facto, la gestion des retours. Comment ? En installant des CDU (centre de distribution urbaine) et des espaces logistiques urbains (ELU). Ces centres logistiques compacts permettent de gérer les flux entrant et sortant de la ville en réceptionnant des poids lourds venant de l’extérieur avec les colis, puis de les redistribuer en centre-ville via des VUL ou de nouveaux modes de livraisons plus doux, voire robotisés ou autonomes.
Les nouveaux modes de livraison en centre-ville : l’avènement de la cyclo-logistique.
La flexibilité n’est plus une tendance. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants sur leur horaire de livraison et avec de plus en plus de colis en transit sur les routes de France et d’Europe, la gestion logistique est un vrai casse-tête pour les acteurs de la livraison.
La livraison par drone semblait relever de la fiction il y a encore quelques années, et pourtant, alors que de plus en plus de tests s’opèrent sur le territoire, d’autres modes de livraisons, robotisés ou non, commencent à se faire une place. Pour d’évidentes raisons de sécurité, de météo et de technologies, nombreuses sont les entreprises à se heurter à de complexes travaux de prototypes. Si certaines start up voient le jour aux USA, en Israël et outre-Manche, les géants tels qu’Amazon, qui avait pourtant parié sur sa filiale de livraison par drones (PrimeAir), se rendent à l’évidence et sont obligés de revoir leur copie, trop ambitieuse.
Si, en centre-ville, les réglementations ne permettent pas encore la livraison par drone, cette dernière est cependant autorisée sur des territoires de flux de marchandises comme le MIN (Marché d’intérêt National) de Rungis où l'expérimentation est possible.
Le vélo, lui, a encore de beaux jours devant lui ! Bi et tri-porteurs continuent de fleurir dans les rues et se mettent à livrer plus vite que jamais… Avec une charge utile pouvant atteindre 350 Kg, un triporteur peut aisément livrer de nombreux colis, de manière écologique et sans perdre de temps. En effet, aussi évident que cela puisse paraître, en plus d’être écologique, la cyclo-logistique permet d’économiser sur des postes tels que l’entretien et la révision, le contrôle technique ou encore la fluctuation du prix du carburant.
De plus, selon plusieurs études, il est prouvé qu’une livraison par vélo est quasiment deux fois plus rapide que celle d' un véhicule thermique quatre roues ! En effet, ce dernier roule en moyenne en pleine circulation entre 15 et 20 km/h, voire moins durant les périodes de pointe ;alors qu’un vélo cargo à assistance électrique peut atteindre aisément les 25 km/h, profitant des pistes cyclables pour une circulation fluide.
La livraison du dernier kilomètre n’a jamais été autant challengée qu’aujourd’hui. Entre réadaptation des zones urbaines, verdissement des parcs de véhicules et innovation permanente sur les nouveaux modes de livraison, toute la chaîne de distribution d’un colis se modifie pour satisfaire des clients finaux toujours plus exigeants tant sur leurs préoccupations écologiques que sur leurs horaires de réception de leurs achats en ligne.
sources :
- https://www.transportinfo.fr/special-solutrans-comment-le-dernier-kilometre-va-revolutionner-le-trm%E2%80%89/
- https://www.fevad.com/bilan-e-commerce-au-1er-trimestre-2022-un-chiffre-daffaires-en-hausse-de-12/#:~:text=Au%201er%20trimestre%2C%20le,au%201er%20trimestre%202021.
- https://www.fevad.com/bilan-du-e-commerce-en-france-en-2021-les-francais-ont-depense-129-milliards-deuros-sur-internet/
- https://www.capgemini.com/wp-content/uploads/2019/01/Report-Digital-%E2%80%93-Last-Mile-Delivery-Challenge1.pdf
- https://www.mecalux.fr/blog/entrepot-urbain#:~:text=Entrep%C3%B4ts%20urbains%20%3A%20facteur%20de%20r%C3%A9ussite,de%20b%C3%A9n%C3%A9fices%20avoisinant%20les%2026%20%25.
- https://aides-territoires.beta.gouv.fr/aides/e48f-optimiser-les-livraisons-en-centre-ville-par-/