Carburants alternatifs : quels freins à l’adoption ?
- 02/12/22
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Le transport de marchandises est directement concerné par les restrictions de circulation censées limiter la pollution atmosphérique. Bientôt, le diesel ne règnera plus en maître sur le secteur. Mais les carburants alternatifs n’apportent pas toujours toutes les réponses à tous les besoins… Décryptage.
L’enjeu de la lutte contre les rejets de polluants liés aux transports routiers ne date pas du COVID19. La baisse des émissions de CO2 directement imputable au ralentissement des activités humaines inhérentes au confinement, démontre pourtant la pertinence des politiques environnementales.
Depuis la fin des années 90 et l’entrée en vigueur des normes Euro, le contexte réglementaire et législatif européen crée les conditions d’une forte réduction de la pollution. « La norme EURO6-d constitue une avancée majeure sur le plan environnemental, explique Olivier Dutrech, Directeur Innovation du Groupe FRAIKIN, les conditions sont ainsi réunies pour inciter les constructeurs à adapter leurs gammes et les entreprises à repenser leur mobilité ».
Par ailleurs, la création de 250 Zones de Faibles Émissions en Europe, affectent le transport de marchandises qui subit des contraintes toujours plus fortes liées aux restrictions de circulation.
Des forces et des faiblesses… pour tous les types de carburants
La multiplication des carburants disponibles sur le marché complique les arbitrages lorsqu’il faut conjuguer contraintes environnementales, maîtrise budgétaire et productivité de la flotte.
La filière des biocarburants émerge fortement. « Les biocarburants sont très intéressants car ils ne s’appuient plus sur des énergies fossiles raffinées, mais sur des composants renouvelables. Ils ne sont toutefois pas encore disponibles sur tous les types de véhicules », analyse Olivier Dutrech.
Le GPL (Gaz de pétrole Liquéfié) est une alternative qui a connu un certain engouement. « Son utilisation est déconseillée en Europe du fait d’un entretien complexe et coûteux, ou des restrictions d’usage en sous-sol, mais ce n’est pas forcément le cas dans le reste du monde ».
Les motorisations électriques sont en vogue, même si leur autonomie limitée les cantonne à des usages spécifiques comme la livraison sur le dernier kilomètre. « Le silence, l’absence d’émissions sont nuancés par les difficultés liées à la recharge et par les investissements pour doter l’entreprise de bornes de recharge », note Olivier Dutrech.
Les véhicules hybrides constituent un bon compromis en associant les atouts de l’électrique et la polyvalence du thermique. « Pour en tirer le plein potentiel, il s’agit cependant de former les utilisateurs afin d’adapter leur comportement routier pour maximiser l’usage du moteur électrique ».
L’avitaillement : un critère clé
Qu’il s’agisse des motorisations hydrogène ou au gaz, elles partagent une même faiblesse : le faible maillage des stations d’avitaillement des véhicules en carburants. Les coûts de production de l’hydrogène sont encore élevés (y compris sur le plan environnemental), « mais lorsque la filière se sera structurée, cette alternative sera une solution de premier ordre », estime Olivier Dutrech.
« Les véhicules au gaz ou au biogaz, nécessitent quant à eux une formation spécifique des conducteurs, précise Olivier Dutrech car de mauvaises pratiques peuvent entamer considérablement l’autonomie ».
À ce jour, la solution universelle n’existe pas. « La seule constante à l’échelle mondiale, conclut Olivier Dutrech, c’est l’élan qui consiste à repenser la mobilité dans une dynamique plus vertueuse sur le plan environnemental ».